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Histoire de Bertrand Du Guesclin

 

Connétable de France, 1320-1380

 

Sa devise : « le courage donne ce que la beauté refuse ».

 

Ce personnage célèbre, voire incontournable, de la cité de Broons, a sa place dans l’Histoire, celle du XIVème siècle ; une époque marquée par les guerres, celle de Cent Ans et celle de la Succession de Bretagne.

 

Quel destin exceptionnel pour ce chevalier, Bertrand Du Guesclin, qui, de la modeste seigneurie de la Motte-Broons, le mènera au poste de connétable du roi Charles V !

 

 

 

 

Enfance et jeunesse
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Né vers 1320 au château de la Motte-Broons, Bertrand est l'ainé d'une famille d'ancienne noblesse bretonne.

D'une laideur que les historiens ont  soulignées à l'envi, c'est un enfant au caractère difficile et dont la disgrâce physique et l'humeur batailleuse font le désespoir de sa mère, Jeanne de Malemain. Son passe-temps favori est d'organiser des luttes et des combats avec ses jeunes compagnons de Broons,.

Vers l'âge de 17 ans, il s'illustre brillamment dans une grande joute donnée à Rennes.

Le dogue noir de Brocéliande
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La Guerre de Succession de Bretagne (1341-1364) oppose Charles de Blois à Jean de Montfort. Charles de Blois reçoit l’aide du roi de France, Montfort a le soutien du roi d’Angleterre. Du Guesclin prend le parti de Charles de Blois.

La guerre, entrecoupée de trêves, s’enlise.

C’est dans ces circonstances qu’avec quelques compagnons, recrutés dans les environs de Broons et de Dinan, Bertrand mène une guerre de partisans, harcelant les garnisons anglo-bretonnes. Il trouve refuge dans les forêts avoisinantes, comme celle de Paimpont. Ce qui lui vaudra de la part des Anglais, dit-on, le surnom de « dogue noir de Brocéliande». Il fait preuve de ruse et d’audace. Avec une soixantaine de compagnons, dont il déguise l’avant-garde en bûcherons, il prend l’importante forteresse de Fougeray.

Normandie et Bretagne
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Devenu seigneur de Broons à la mort de son père (1353), Du Guesclin peut recruter une petite compagnie d’hommes d’armes et se met au service du capitaine de Pontorson, Pierre de Villiers. Il se distingue dans la défense de Rennes assiégée par les troupes du duc de Lancastre (1357). Dans ces temps, il défait en champ clos à Dinan, un chevalier anglais qui, malgré une trêve, avait capturé son frère Olivier.

Charles de Blois lui confie la garde de la seigneurie de la Roche-Derrien, et le Dauphin Charles le nomme capitaine de Pontorson et du Mont-Saint-Michel. Du Guesclin combat alors en Normandie, où il est capitaine souverain, contre les Navarrais, partisans de Charles d’Évreux, roi de Navarre, dit Charles le Mauvais.

Quelques expéditions le ramènent aussi en Bretagne, au cours de l'une d'elle, il épouse Tiphaine Raguenel, savante en astronomie. En 1364, il remporte l’éclatante victoire de Cocherel (Eure). Le nouveau roi Charles V lui fait don du comté de Longueville. Il participe, la même année, à la bataille d’Auray qui met fin à la Guerre de Succession de Bretagne : Charles de Blois y trouve la mort, Du Guesclin est fait prisonnier.

L'aventure espagnole
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Sa rançon payée, le roi envoie Du Guesclin en Espagne. Il y sert les intérêts de Henri de Trastamare en lutte contre son demi-frère, le roi Pierre le Cruel. La bataille de Montiel (1369) et la mort de Pierre le Cruel, tué par Henri de Trastamare, met fin à cette guerre fratricide. En récompense, le nouveau roi de Castille, Henri II, fait don à Du Guesclin du duché de Molina et du comté de Soria.

Connétable de France
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Cependant, la guerre entre la France et l’Angleterre a déjà repris. Charles V rappelle Du Guesclin et lui confie la charge de connétable de France (1370) ; il devient le chef des armées royales. Commence alors la reconquête des territoires perdus lors du traité de Brétigny-Calais. Je vous épargne les détails de toute cette épopée qui dura 10 ans.
Du Guesclin doit aussi délivrer quelques places fortes qui sont encore aux mains de compagnies de routiers qui oppriment les populations locales. Après avoir enlevé Chaliers, Du Guesclin se porte devant la citadelle de Châteauneuf-de-Randon (Lozère) où il meurt le 13 juillet 1380, non dans un combat, mais de maladie. Il aurait, dit-on, bu de l’eau trop froide.

 

Du Guesclin avait demandé à être enterré à Dinan, dans le tombeau de ses ancêtres, au couvent des Jacobins. En réalité, sa dépouille dut dispersée. Le corps fut embaumé au Puy-en-Velay, où un premier tombeau reçu « la ventrada », autrement dit, les viscères ; le cœur placé dans une urne et sa dépouille continuèrent leur route. À Montferrand, le corps subit une nouvelle opération, les chairs furent séparées des os et un second tombeau fut ouvert pour y recevoir les précieux restes. Le convoi mortuaire poursuivit sa route mais, seul le cœur parvint à Dinan car, sur ordre du roi, le squelette fut conduit à l’abbaye de Saint-Denis, la nécropole royale : dernier et prestigieux hommage du roi à son fidèle connétable.

Ainsi, Du Guesclin reçut 4 sépultures alors que les rois n’en avaient que 3.

 

De la gloire à la légende
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La mort du connétable provoque dans le royaume, une déploration générale. Sur le parcours du convoi funèbre, les foules se pressent pour lui rendre hommage, signe indubitable de sa forte popularité.
L’Histoire retient que Du Guesclin, homme du XIVème siècle, fit preuve des compétences d’un grand capitaine. Il sut gagner la confiance de ses troupes, admiratrices de sa bravoure, de sa simplicité et de sa générosité.

Du Guesclin à Broons
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À un km de la Place qui porte son nom, en bordure de l’ancienne RN 12, à proximité du château natal du connétable démoli en 1616, se dresse « la colonne Du Guesclin ». Due à une souscription départementale, ce monolithe de granit, de 10 m de haut, fut érigé en 1840 sous le règne de Louis-Philippe.
Dans le cimetière, la chapelle de la Madeleine, plusieurs fois remaniée au cours des siècles, est selon la tradition, une fondation de la mère de Bertrand, Jeanne de Malemain.

Les statues de Du Guesclin
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En 1902, la municipalité de Dinan décida de remplacer la statue de Du Guesclin due au sculpteur Molknecht, érigée en 1823, par une statue plus imposante et équestre cette fois, et s’adressa au sculpteur Frémiet. C’est elle que l’on voir encore aujourd’hui. Dinan offrit alors sa première statue à Broons où elle fut inaugurée le 17 août 1902. Ce fut l’occasion d’une grande fête qui attira la foule et durant laquelle l’illustre chansonnier, Théodore Botrel, admirateur de Du Guesclin, et son épouse Léna, se produisirent.

En 1973, la municipalité (M. Jean-Louis Labbé, maire) décide de la remplacer, sa pierre de Touraine (pierre blanchâtre) s’étant dégradée.

Elle avait cent cinquante ans d’âge !
La nouvelle statue, œuvre du sculpteur Francis Guinard installé à Languédias, taillée dans un beau granit du pays, campait un solide et trapu Du Guesclin en pied, d’une hauteur de 2,30 m et d’un poids de 2,5 tonnes, qui symbolisait parfaitement la rudesse du connétable, sa force et sa détermination. Installée sur la place en juin 1976, elle fut dynamitée le 9 février 1977 par des indépendantistes bretons du F.L.B.-A.R.B. Il n’en subsista que la tête.
En 1988 (M. Louis Deniel, maire), la vieille statue de Molknecht, restaurée, fut transférée en bordure de la voie express Rennes-Brest récemment construite. Elle fut taguée, brisée, subit une tentative incendiaire. En 2004, son imposant socle fut transféré place de la Gaîté (M. Michel Lamarche, maire).

Du Guesclin, un personnage controversé
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L’image de Du Guesclin est parfois controversée. Ses combats auprès du roi de France ont pu le desservir, surtout auprès de certains régionalistes mais il faut lui reconnaître des qualités indéniables de droiture et de fidélité…
Comme lui, nous aimons notre Bretagne et nous sommes fiers d’être bretons.

Du Guesclin, la reviviscence
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En 2013, la municipalité (M. Serge Rouxel, maire), annonça le projet d’une nouvelle statue et plusieurs artistes furent contactés. Finalement, M. Georges Delahaye de Plouer-sur-Rance, que le projet enthousiasmait, se mit au travail. Malheureusement, l’artiste décédait l’année suivante, sans avoir pu achever son œuvre. En effet, il n’avait pas terminé son modèle en argile, des pièces importantes manquaient, entre autres, la tête.


Lors de la prise de fonction de maire en 2016, Denis Laguitton s'était engagé à poursuivre la redynamisation du centre-ville.
L’idée de « village étape » a été relancée et a pu aboutir. Ce label est une chance formidable pour la fréquentation et le développement de la commune.
Mais, ce n’était pas suffisant. Il fallait améliorer l’accueil de la commune et faire en sorte que nos visiteurs occasionnels repartent avec une image de Broons où transpire sa véritable identité

Plusieurs projets furent proposés au Conseil, la statue emportera les suffrages à une large majorité.

Le 13 juillet 2019 s'est déroulé l'inauguration de la nouvelle statue représentant le Connétable de France, Bertrand Du Guesclin, réalisée par le sculpteur M. Patrick Berthaud.

Note d'intention de l'artiste
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"Bertrand Du Guesclin fait, sans conteste, partie du panthéon des héros médiévaux français.
Les historiens le décrivent comme un homme plutôt brutal, au physique ingrat et à la détermination extrême.
C’était un combattant et aussi, un homme loyal ; ce qui conduira Charles V à le faire Connétable de France.
Le Du Guesclin que je vous présente est un combattant, fort, énergique, entièrement porté sur l’action. Il va de l’avant.
Sa devise est « le courage donne ce que la beauté refuse ».
Il est habillé en tenue de combat avec des protections pour les jambes et les avant-bras. Il s’agit d’une tenue « intermédiaire » souple et sécurisée à la fois, propice au corps à corps avec une épée courte à la taille et une grande hache, qui était son arme préférée.
C’était un véritable guerrier, adepte des embuscades et des actions commandos.
Il a un genou au sol, une main sur son heaume et l’autre sur sa hache. Le visage est relevé et empreint d’une très forte détermination. J’ai essayé d’imaginer à quoi pouvait ressembler une guerre médiévale, ce devait être violent, brutal et sanglant.
J’ai opté pour une forme de réalisme, en présentant un héros humain, au caractère brut et sans triomphalisme dans la gestuelle.
Le socle créé dans le même esprit, d’aspect rouillé, sans artifice, correspond bien au caractère du personnage.
L’idée est de rappeler le contexte guerrier par une plaque basse en forme d’hexagone, comme un rappel à l’histoire de France.
C’est un projet que j’ai voulu fort et volontaire, à l’image de Du Guesclin."

Patrick BERTHAUD